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Le point de départ de la construction d’Espars est la sélection de mots thèmes (comme nous l'avions fait pour TOTEM). Cela évite la linéarité des pistes explorées et le côté feuilleton qui nous gonfle. Les quatre mots retenus le 08 avril : frontière, légende, jeu et carte. A partir de ces mots, la discussion a fait apparaître des bribes d'histoires, des idées, des situations et des personnages. Un premier cadre général est apparu, autour de l'explication de l'isolement d’Espars : les frontières floues... Ce qui suit est un répertoire des principales idées nées durant ce week-end.

mardi 27 novembre 2007


Le revenu


"L'académie ! J'y étais !… C'était là !…. Autour… mais … là ! Je… L'académie ! L'académie, j'y étais !"
Les yeux révulsés, la bave aux lèvres, il éructait à 4 pattes, moitié nu. Il semblait épuisé et n'avait que ce mot à la bouche: l'académie !
Je le connaissais. C'était un pauvre type du quartier de la Guiche. Vous savez, le quartier du nord, tout proche de la zone des frontières, le quartier pauvre quoi, autant le dire. On dit d'ailleurs que c'est dans ce quartier qu'il y a eu le plus de disparitions, puisque les frontières alentour arrivent parfois jusqu'aux faubourgs. Ce gars, il vient de là, je le sais, j'y ai habité longtemps. Je le connais parce qu'il traînait souvent dans les rues, y'en a beaucoup qui peuvent en témoigner. Un gars tout simple, un peu lourdaud, qui bricolait à droite à gauche, chez les uns et les autres. Il faisait tous les petits travaux: plomberie, électricité, menuiserie etc. Il paraît qu'il travaillait pas trop mal, et pour pas cher… Certains en abusaient en lui payant un coup par-ci par là, ça lui suffisait. On le voyait souvent hilare ou abruti, il devait abuser de choses et d'autres, affalé sur le pas de sa porte.
Je sais qu'il disparaissait parfois plusieurs jours d'affilée. Il laissait tout en plan, même les bricolages d'urgence qu'il avait promis. Hop ! Plus personne! Moi je me suis fait avoir une fois, une fuite dans la cuisine, je l'attendais pour midi alors que je l'avais vu 2 heures avant. Il est jamais venu. Et les gens du quartier m'ont confirmé que ça lui arrivait assez régulièrement. Personne n'a jamais su ce qu'il faisait durant ce temps. Longues saouleries ou travaux ailleurs, dans des quartiers qui payaient mieux ? Il faisait bien son petit boulot, mais on ne pouvait pas lui faire confiance pour les horaires, quoi…
Alors, disparaître complètement, fallait bien que ça lui arrive un jour. Ça faisait 2 ou 3 ans qu'on ne le voyait plus. Et d'habitude ses disparitions n'excédaient pas 3 ou 4 jours. N'habitant plus le quartier depuis 1 an à peu près, je n'ai jamais su s'il était revenu ou pas, mais je me suis toujours douté, comme beaucoup de gens, qu'il s'était fait "avoir" par une frontière. Il était pas bien malin et un jour de beuverie il avait sûrement traîné trop loin dans le terrain vague. On n'avait jamais retrouvé le corps, ni le moindre indice. Mais d'un autre coté, comme il n'avait pas de famille et pas vraiment de proches, personne n'avait dû signaler officiellement sa disparition. Il était parti, c'est tout, comme d'autres avant lui et comme d'autres après. Parti sans trop d'espoir qu'on le retrouve un jour.
On se doutait bien qu'il était "là-bas", mais je ne m'attendais pas à le voir revenir, surtout là, dans ce quartier, en face de la faculté des sciences. Il n'avait pas l'air d'avoir tellement changé, toujours aussi hagard… en plus triste peut-être…Il semblait avoir perdu quelque chose d'important. Et puis il était un peu mieux habillé, disons qu'il était habillé normalement alors qu'avant il portait des vieilles frusques que des gens lui donnaient. Mais il avait l'air toujours aussi saoul, le pauvre homme…
Lui ne m'a pas reconnu, il ne regardait d'ailleurs rien ni personne en particulier. Il avait l'air perdu quoi. Bref, la description habituelle que l'on fait des revenus. Mais lui avait l'air plutôt ivre et les autorités avaient hésité entre la cellule de dégrisement pour soiffards du dimanche et le ministère des frontières. Faut dire aussi que lorsque je le leur avais signalé, je leur avais raconté ce que je suis en train de vous raconter à vous. Pour moi c'était juste un brave poivrot et je ne pouvais pas me douter de la suite.
Quand la police est venue le chercher, elle a été surprise de me voir encore à ses cotés. D'habitude, ceux qui signalent les revenus partent avant son arrivée. Moi j'avais le temps ce jour-là et puis c'était quand même une drôle de coïncidence que celui qui signale un revenu le reconnaisse en même temps ! La police, d'ailleurs, avait l'air content, ça lui a fait gagner du temps, pour une fois. Elle a pu de suite axer son enquête sur le quartier de la Guiche. Et en effet j'ai vu débarquer rapidement, pendant que je faisais ma déposition, des gens que je croisais à l'époque et tous avaient l'air de le reconnaître.
Bien sûr, comme d'habitude, il avait fallu aux autorités, démêler le vrai du faux, l'absurde du cohérent, démasquer la cohorte –la majorité paraît-il- de ceux qui ne témoignaient que pour le plaisir de l'attention qu'on leur portait. Mais dans ce cas-là, ça avait été plus rapide, tous les témoignages se recoupaient et personne finalement –à part quelques olibrius vite confondus- n'avaient quelque chose de précis à raconter. Personne n'était un intime du pauvre gars, tout le monde avait eu affaire à lui pour de menus travaux, certains étaient des habitués, mais aucun ne le connaissait plus que ça. Il était plutôt agréable mais pas bavard. C'est tout.
Ainsi, les doutes habituels sur l'identité des revenus, avaient, dans ce cas, vite été dissipés. Paradoxalement, le flou sur son identité, le nombre de témoignages et le peu de détails de ceux-ci, apportaient la preuve qu'il s'agissait bien de cet innocent pochard de la Guiche, disparu –officieusement- depuis 3 ou 4 ans, on ne savait même plus… L'affaire semblait classée…
Alors, vous pensez bien que lorsqu'ils m'ont rappelé quelques jours après, pour "compléter ma déposition afin de finaliser l'enquête", comme ils m'ont dit, je me suis douté que l'affaire n'était pas encore tout à fait classée. Je supposais pourtant que le pauvre gars avait subi tous les interrogatoires d'usage, tous les tests et la batterie d'observations auxquels on a droit –paraît-il- dans ces cas-là. Je supposais qu'il avait, à ce moment-là, -ce devait être 6 jours après mon signalement si je me souviens bien- perdu définitivement ses souvenirs de "là-bas". C'est en tout cas ce qu'avait jusqu'à présent indiqué le ministère des frontières dans les rapports qu'il publiait sur les revenus : ceux-ci perdaient en général leurs souvenirs de "là-bas" dans les heures qui suivaient leur revenue à Espars, certains les conservaient exceptionnellement pendant 1 ou 2 jours, guère plus et encore de façon tellement diffuse qu'ils étaient en général inutilisables… et les revenus retrouvaient la vie civile peu de temps après tout en restant à la disposition du ministère.
Lui, non.
Ce complément de déposition n'a pas dû leur apporter grand chose. J'avais déjà tout déclaré. C'est vrai que ça ne paraît pas très détaillé, mais je vous le répète, ce gars était à la fois fréquenté par tout le monde et connu de personne. Il n'allait pas au café, faisait ses courses rarement et seul. Il ne bavardait pas, il venait, il était poli, plutôt souriant, mais il se contentait de faire ce pour quoi il était venu. Ni plus ni moins.
Alors ils m'ont encore interrogé sur les circonstances dans lesquelles je l'ai découvert. Il semblait sortir du hall de la faculté, il était assez tôt le matin, pas grand monde dans les rues. Je l'ai remarqué parce qu'il n'était pas très discret, il était agité, il criait presque et je suppose qu'un autre à ma place l'aurait remarqué aussi. Dès que je l'ai reconnu je suis bien sûr allé lui parler, mais il ne faisait pas vraiment attention à moi. J'ai alors appelé la police. Il s'est laissé embarquer sans aucune difficulté. Il continuait à parler de l'académie, d'où il disait venir. Mais ses propos restaient assez incohérents, hachés. La police bien sûr a vérifié en premier s'il pouvait sortir de la faculté des sciences, qui aurait pu correspondre, dans son délire, à la fameuse académie qui l'obsédait tant. Mais la faculté à cette heure-ci était fermée. Aucune trace d'effraction et le gardien n'avait rien remarqué d'anormal. J'étais encore présent sur les lieux quand ces vérifications ont été faites. Il semblait donc bien revenir de "là-bas"…
Il n'y a pas que moi à avoir été re-convoqué, ceux qui le connaissaient mieux, ses voisins, ceux qui avaient fait appel à ses services à plusieurs reprises, les commerçants de son quartier ; bref, tous ceux qui étaient susceptibles de pouvoir rajouter quelque chose aux témoignages déjà existants… quelque chose, mais quoi ? Il est vite devenu évident que ce revenu représentait une exception. C'était d'abord la première fois, depuis l'archivage officiel des revenus, que les autorités en gardaient un si longtemps, je ne vous apprends rien.
Voilà, à présent je n'en sais pas plus que vous. Cet homme, que je vous ai décrit comme un semi clochard, fait la une de l'actualité et semble être, d'ores et déjà, le revenu le plus intéressant d'Espars. Qu'a-t-il fait "là-bas" ? Qu'en a-t-il rapporté ? Que sait-il ? Qu'a-t-il appris aux autorités ? Qu'a-t-on le droit de savoir ?
Depuis 2 mois, ils le retiennent! Et rien ou presque n'a filtré! Un communiqué officiel a été publié au bout d'un mois car il devenait de plus en plus délicat pour le ministère de se taire sur ce cas. Il annonçait que le revenu en question, en raison du "caractère exceptionnel de son témoignage", devait être gardé en "observation pour un temps indéterminé" tout en étant fait membre à part entière de ce même ministère. On ne fait pas plus lapidaire et mystérieux que cela. Les autorités se sont montrées si maladroites que les rumeurs ont pris encore plus d'ampleur après ce communiqué.
Tout le monde y allait de son commentaire, les gens de la Guiche en premier, réclamant le retour de leur enfant prodigue. On affirmait que le revenu était le messie ou l'attendu, selon certaines sectes qui reprenaient de la vigueur grâce à cette affaire. On affirmait qu'il rapportait de "là-bas" un secret si important qu'Espars pouvait en être transformée du jour au lendemain, voire disparaître ou encore que ce secret permettrait à n'importe quel espartin d'accéder aux frontières sans aucun risque et de façon certaine, et bien d'autres choses encore. On commentait aussi le revenu lui-même : sa vie d'avant, à la Guiche, sans grand intérêt, devenait d'un coup extraordinaire, exemplaire ou au contraire diabolique, chacun y allant de ses révélations sur son exceptionnel dévouement ou ses vices insupportables, sur son physique angélique ou monstrueux.
En ce qui me concerne, je suis comme tout le monde, j'écoute ou plutôt j'entends mais j'ai du mal à réfréner ma curiosité. Tout en ayant bien conscience que ça n'a pas plus d'importance que ça, je me sens partie prenante, je suis celui qui l'a "revu"! Et le fait que vous m'interrogiez vous aussi, n'est pas fait pour m'aider à garder la tête froide…
Je sais bien qu'il n'avait rien d'exceptionnel avant, mais je ne peux m'empêcher de m'intéresser comme tout le monde à la rumeur qui paraît la mieux fondée : il serait revenu avec des facultés intellectuelles bien supérieures à la moyenne ! Il serait parti poivrot et serait revenu génie… oui, désolé, ça prête à sourire, mais avouez que dans mon cas ça intrigue… Avec tout ce que cela comporte comme conséquences, si la rumeur est fondée… ça veut dire que non seulement il est revenu avec une mémoire intacte mais qu'elle continue à l'être, et qu'alors il est le seul à pouvoir décrire et même expliquer "là-bas", ou alors, que s'il invente, il est assez fort pour intriguer les meilleurs scientifiques d'Espars alors que 3 ans auparavant il tenait à grand peine une conversation sur le temps qu'il fait ! Imagination ou mémoire, ça paraît de toute façon prodigieux ! Ce qui est sûr, c'est qu'il se passe quelque chose, mais quoi, je suis comme vous, j'aimerais le savoir.
Voilà, je vous ai tout dit, mais vous, puisque vous ne faites pas partie du ministère, vous dépendez de qui ?

dimanche 15 juillet 2007

Salut à tous. C'est David.

Je vous rappelle que vous êtes cordialement invités à Venosc à partir du 31 juillet.
A défaut d'imprimante,j'ai aspiré le site. Vive la technologie mais...

Mais je ne sais pas bien publier sous mon nom.

dimanche 17 juin 2007

A quand la réunion pour discuter plus sérieusement des textes & docs, après lecture approfondie !!!!
Plutôt semaine prochaine pour avoir le temps de lire.
Pour moi (semaine prochaine) : lundi, mardi, mercredi - sauf imprévus
ISTO

mercredi 13 juin 2007

VOICI LES 4 NOUVEAUX THEMES :


- Crime et pègre
- Arts et Lettres
- Fêtes et carnavals + Gastronomie (au bon vouloir de Darn !)
- Institutions

vendredi 25 mai 2007

Culte aquatique des frontières


Barque traditionnelle utilisée lors des passages de frontières aquatiques.

Le toit était alors décoré de mousses et de guirlandes de feuilles.


Photo ancienne, collection Zimmer.

Culte aquatique des frontières


Petit temple de passage, on remarque la porte inférieure qui aurait permis le passage d'un sortant.

Sa dernière utilisation daterait du milieu du siècle dernier.


Photo ancienne, collection Zimmer.

Culte sylvestre des frontières


Anciens totems nombreux dans les forêts des marches.

Selon les traditions orales ils avaient pour rôle de prévenir les passants de la proximité d'une frontière floue.

Daguerréotype, collection Zimmer.