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Le point de départ de la construction d’Espars est la sélection de mots thèmes (comme nous l'avions fait pour TOTEM). Cela évite la linéarité des pistes explorées et le côté feuilleton qui nous gonfle. Les quatre mots retenus le 08 avril : frontière, légende, jeu et carte. A partir de ces mots, la discussion a fait apparaître des bribes d'histoires, des idées, des situations et des personnages. Un premier cadre général est apparu, autour de l'explication de l'isolement d’Espars : les frontières floues... Ce qui suit est un répertoire des principales idées nées durant ce week-end.

dimanche 29 avril 2007

Couverture de Jéghiar, l'enfant pauvre




N'OUBLIONS PAS DE NOUS RECONNECTER A MSN MESSENGER POUR LE RENDEZ-VOUS MENSUEL DU 08/05/2007 !!

A l'ordre du jour (ou de la nuit) :

- le bilan des textes écrits, des photos et autres documents sur Espars

- les liens à établir entre les différents éléments réalisés

- la sélection des nouveaux thèmes pour explorer d'autres facettes d'Espars

D'ici là, bonne lecture !
Bonne écriture. I.
Pourquoi l’ont-ils laissé là, tout seul ?
Il ne parvient pas à arracher son regard de l’écran lumineux. Des images incompréhensibles défilent devant ses yeux, dans un brouhaha incessant.
Les bruits viennent de sa tête. Les mêmes questions y résonnent sans cesse. C’est une cacophonie dont il doit émerger parce qu’il ne veut pas mourir.
Pourquoi l’ont-ils laissé là, tout seul ?
Où sont allés ses parents, en plein milieu de la nuit ?
Les parents ne partent pas en pleine nuit, en laissant leur gosse tout seul devant la télé. C’est son père qui l’a installé là, en début de soirée, en lui recommandant de bien être attentif.
« Tu me raconteras tout ce que tu as vu, fiston. Tu as bien compris ? Ne quitte pas l’écran des yeux et sois bien attentif. »
Le vacarme ressemble à celui de l’eau quand les collecteurs, pleins à ras bord, hurlent à travers tout le quartier la fureur des orages frontaliers. Il a si souvent écouté ces hurlements de déments, qui terrorisent tous les habitants des îlots, qu’il a appris à y distinguer différentes voix.
La troisième question apparaît enfin, sortant du brouillard inaudible.
Comment va-t-il sortir de la maison avant que la frontière ne l’engloutisse ?
Danger !
Sa vie ne tient qu’à un fil, celui qui le raccroche à Espars, le maintient à la surface. Qu’il le lâche, qu’il se rompe, il sera entraîné par la vague montante, et disloqué… Toutes les images des Fables de la Frontière resurgissent comme d’innombrables phares. A haute marée, la frontière emporte tout, rayant des îlots entiers, anéantissant des centaines de foyers dont il ne reste qu’une écume qui fond au jusant.
Il va disparaître. Ses parents l’ont sacrifié.
Il est le premier fils, celui dont le sacrifice assure une vie de prospérité à ses parents.
Il revoit leur visage. Et celui des damnés comme le décrivent les strophes les plus terribles des Fables. Le visage de ses parents s’efface. Un silence terrifiant est venu. C’est son souffle sûrement qui a dissous ses tympans. Des flashes photoniques crépitent encore. Les dernières images.
Jéghiar, l’enfant pauvre (p. 135 - 136) de Remort Parati.